#30 : #Jeunesse, entreprises : et le #sport ?
Septembre 1996, je suis en visite professionnelle aux USA, et nous voici Ă Denver, 14h, dans un grand immeuble en cours de construction. Deux Ă©tages allouĂ©s Ă un centre dâappels, avec plus de 400 salariĂ©s. DĂšs lâentrĂ©e, notre guide nous entraĂźne sur la droite, et nous fait dĂ©couvrir une grande salle de sport, contenant tous les Ă©quipements possibles. Il nous explique : quand nos salariĂ©s font de lâexercice physique, ils sont plus productifsâŠÂ !
Pour ceux qui se rappelleront lâĂ©poque, ce type de raisonnement Ă©tait quasiment absent des entreprises en France, mais, comme souvent, il a fini par arriver en Europe. Depuis une vingtaine dâannĂ©es, les entreprises françaises ont pris conscience de lâimportance de disposer de personnels en bonne forme. Au-delĂ du seul effet sanitaire, les Ă©tudes menĂ©es sur le lien entre sport et entreprise se sont dĂ©veloppĂ©es : pourvoyeur de valeurs (Pociello, 1999), connotĂ© positivement (Defrance, 2000), le sport illustre lâidĂ©ologie compĂ©titive liĂ©e Ă la performance (Ehrenberg, 1991), il est mĂȘme devenu un outil de management des relations humaines (Pierre, 2006). Le discours managĂ©rial tenu autour de la dimension symbolique du sport sâinscrit ainsi dans la volontĂ© des entreprises de mobiliser leurs salariĂ©s. De nombreuses initiatives existent : par exemple PĂŽle Emploi des Hauts de France, avec son programme : « Stade Vers lâEmploi, un recrutement innovant autour du sport – Pas besoin d’ĂȘtre sportif pour participer aux opĂ©rations “Du stade vers l’emploi”. Vous avez des baskets et des compĂ©tences : venez les rĂ©vĂ©ler et montrer vos savoirs-ĂȘtre aux recruteurs au travers d’activitĂ©s ludiques et conviviales, autour du sport, adaptĂ©es Ă chacun·e !». On peut ajouter Ă ces constats celui du dĂ©veloppement du mĂ©tier de « coach sportif en entreprise »
Le sport Ă lâĂ©cole est-il au diapason de ces dĂ©marches ? Probablement non, car, au-delĂ des heures obligatoires dâEPS â les pratiques sportives ne sont pas beaucoup encouragĂ©es ou valorisĂ©es au sein de lâinstitution de lâE.N. Alors mĂȘme que des Ă©tudes, rĂ©centes, ont dĂ©montrĂ© que la pratique sportive amĂ©liore les performances scolaires. La rĂ©alitĂ© est quâaujourdâhui les jeunes ont de moins en moins dâactivitĂ© physique, sans doute en raison du poids croissant des outils numĂ©riques, que lâon sait trĂšs addictifs. LâidĂ©al serait donc que tous les personnels Ă©ducatifs soient capables de bien prĂ©senter et promouvoir lâintĂ©rĂȘt des activitĂ©s physiques, pour tous les jeunes, tant au plan sanitaire que scolaire. Je crois quâon est encore loin⊠Pour conclure, une note positive pour la Bretagne : lâINSEE affirme quâelle est en tĂȘte des rĂ©gions françaises pour la pratique sportive ! 17,8 % des bretons sont licenciĂ©s, et 71% (France : 65 %) dĂ©clarent pratiquer une activitĂ© physique ou sportive rĂ©guliĂšre â au moins une fois par semaine.